Chaîne Youtube @Foutraque

  • Futile (v. valse lente)
  • Le jour du Jugement dernier (roots reggae)
  • Mes amoureuses sont si belles
  • Là-bas (aux bords du Prout)
  • Morne, la vallée
  • Tu veux ton cognac, dourak ?
  • Et si le monde était pour rire ?
  • Au goût (v1)
  • Au trou (m)
  • Tu verras, ça brûle bien

Boxon foutraque bordélique, nécessairement superfétatoire.

Je suis dourak Je suis foutraque J'écris smerdiaque Je rime en vrac Je bois cognac Ça me détraque Je suis dourak Je suis foutraque Ni dieu ni mac Ne me cornaque Je vais je vaque À mon micmac Je suis dourak

Para la lucha labrador teckel tequila gibberish clusterfuck autostrade.

Foutraquisation.

Foutraqueries.

Foutraquisme.

Foutraquiste.

Foutraquisant.

L’Exemplaire du Roy

Raoul Ponchon (1848 — 1937)
À mon ami E. Fasquelle.
J’ai rêvé posséder les œuvres de Malherbe. Un exemplaire unique, admirable, un trésor ! Tout habillé de pourpre, et les fleurs de lys d’or En étoilent les plats, nombreuses comme l’herbe. Le vélin en est pur, l’impression superbe. Messieurs les éditeurs, à cette époque encor, Se montraient soucieux de soigner le décor Qui faisait ressortir et resplendir le verbe. Mais ce rare bouquin ne serait rien, ma foi, S’il n’était pas le propre exemplaire du Roy. Il l’est. Et dans un coin de marge, on y remarque, Alors que le poète arrive au baragouin Dans l’éloge, ces mots, de la main du monarque : « Mon vieux Malherbe, ici, tu vas un peu trop loin ! »

Le chêne abandonné

Anatole France
Dans la tiède forêt que baigne un jour vermeil, Le grand chêne noueux, le père de la race, Penche sur le coteau sa rugueuse cuirasse Et, solitaire aïeul, se réchauffe au soleil. Du fumier de ses fils étouffés sous son ombre, Robuste, il a nourri ses siècles florissants, Fait bouillonner la sève en ses membres puissants, Et respiré le ciel avec sa tête sombre. Mais ses plus fiers rameaux sont morts, squelettes noirs Sinistrement dressés sur sa couronne verte ; Et dans la profondeur de sa poitrine ouverte Les larves ont creusé de vastes entonnoirs. La sève du printemps vient irriter l’ulcère Que suinte la torpeur de ses acres tissus. Tout un monde pullule en ses membres moussus, Et le fauve lichen de sa rouille l’enserre. Sans cesse un bois inerte et qui vécut en lui Se brise sur son corps et tombe. Un vent d’orage Peut finir de sa mort le séculaire ouvrage, Et peut-être qu’il doit s’écrouler aujourd’hui. Car déjà la chenille aux anneaux d’émeraude Déserte lentement son feuillage peu sûr ; D’insectes soulevant leurs élytres d’azur Tout un peuple inquiet sur son écorce rôde ; Dès hier, un essaim d’abeilles a quitté Sa demeure d’argile aux branches suspendue ; Ce matin, les frelons, colonie éperdue, Sous d’autres pieds rameux transportaient leur cité : Un lézard, sur le tronc, au bord d’une fissure, Darde sa tête aiguë, observe, hésite, et fuit ; Et voici qu’inondant l’arbre glacé, la nuit Vient hâter sur sa chair la pâle moisissure.
1872.

Tristesse au jardin

Laurent Tailhade (1854 – 1919)
Le doux rêve que tu nias Je l’ai su retrouver parmi Les lis et les pétunias, Fleurs de mon automne accalmi. Mon rêve, par les allées, Cueille des branches d’azalées. La vigne pourpre aux raisins bleus Festonne les murs du jardin Où niche maint oiseau frileux Sous le feuillage incarnadin. Mon rêve, par les allées, Cueille des branches d’azalées. Dans le bassin qu’elle verdit L’eau pleure inconsolablement Et, mélancolique, redit Les mots trompeurs de ton serment. Mon rêve, par les allées, Cueille des branches d’azalées. Automne ! Deuil précoce et doux ! Sous le ciel aux feux apaisés, Les languissantes roses d’août Gardent l’odeur de tes baisers. Voici que, par les allées, Meurent les blanches azalées.

Raté

Dourak Smerdiakov
En sortant du dernier trou noir, Dieu sait pourquoi, j'ai repensé À toi qui te cachais pour boire, J'ai ressenti de la fierté. Tendance à tout laisser tomber, J'ai glissé mes pas dans tes pas. L'entropie va tout emporter. Je suis un peu raté, papa. Je croyais ne rien te devoir, Que du capital mal placé, Jusqu'au jour où, dans le miroir, J'ai cru te voir, toi, déformé. Et ma tronche de déterré, Mes rictus, ma face de rat, Ça ne m'a pas vraiment aidé, Tu m'as un peu raté, papa. Quand j'ai juré ne pas savoir Que le fusil était chargé, Toi, tu as fait semblant d'y croire On n'en a plus jamais parlé. La balle n'a fait qu'effleurer Ton crâne et, depuis ce soir-là, Je n'ai plus rien fait qu'échouer. Je t'ai un peu raté, papa. J'étais venu te débrancher, Je t'ai trouvé mort dans tes draps. Je suis reparti me torcher La gueule. On s'est ratés, papa.